L'agriculture en Haute-Garonne
L’agriculture française entre crise des vocations et renouvellement agro-écologique
La politique agricole française s’inscrit dans un cadre européen commun, la politique agricole commune (PAC) depuis maintenant plus de 55 ans. Ce cadre vise à trouver un juste équilibre entre, d’une part, la recherche de gains de productivité et de compétitivité dans le cadre d’une économie de plus en plus ouverte et intégrée aux marchés mondiaux et d’autre part, un nécessaire soutien de la puissance publique pour mieux prendre en compte la pluri-fonctionnalité de l’agriculture notamment en matière d’aménagement de l’espace rural.
La Loi de Modernisation de l’Agriculture et de la Pêche (LMAP) de 2010 visait à ralentir la consommation d’espaces agricoles par l’urbanisation avec la mise en place des Commissions Départementales de Consommation des Espaces Agricole (CDCEA/CDPENAF) Elle visait également à renforcer la compétitivité de l’agriculture tout en maintenant le revenu des agriculteurs par des logiques de contractualisation des négociations commerciales. Elle promouvait enfin les labels de qualité (AOP, IGP, Label Rouge…) et les productions biologiques avec une aide accrue à ces filières.
La loi d’avenir pour l’agriculture de 2014 vise à une modification radicale des systèmes de production pour atteindre la double performance économique et environnementale (système agroécologique). Dans cet objectif elle prévoit la reconnaissance d’agrément de Groupements d’Intérêt Écologique et Environnemental (GIEE) qui devront fédérer plusieurs agriculteurs unis par la volonté d’une agriculture économiquement et écologiquement durable. Une fois reconnus, ils pourront bénéficier d’une majoration des aides.
La loi agriculture et alimentation de 2018 rééquilibre les rapports de force dans les négociations commerciales entre les agriculteurs, les industriels et les distributeurs afin d’améliorer le revenu des agriculteurs. Elle promeut des choix de consommation privilégiant une alimentation saine, sûre, durable et accessible à tous.
L’agriculture française est aujourd’hui confrontée à des difficultés structurelles touchant de nombreux secteurs d’activité (élevage, grandes cultures par exemple…). Ces difficultés sont le symptôme d’une mutation difficile et majeure de notre agriculture, qui doit impérativement changer ses pratiques pour s’adapter aux attentes de la société, comme au changement climatique, dans un contexte de concurrence économique mondiale exacerbée.
La Haute-Garonne, un département agricole diversifié
La Haute-Garonne est le troisième département de la région Occitanie au niveau de la superficie des terres agricoles, après l’Aveyron et le Gers. La situation agricole est très contrastée. Dans les plaines et sur les coteaux mollassiques, principalement dans le nord du département, le modèle dominant est constitué par les grandes cultures : blé (dur et tendre), tournesol et maïs. On y trouve aussi des cultures maraîchères, horticoles et viticoles, au nord du département (notamment AOP Fronton). Sur ces terres à fort potentiel agronomique, la principale menace est aujourd’hui la pression urbaine autour de l’agglomération toulousaine.
Au contraire dans le sud du département, en secteur de montagne ou de piémont pyrénéen, le modèle de polyculture-élevage (ovins, bovin, laitier ou viande) domine. De nombreuses communes sont classées en zones « défavorisées » . La faible dynamique d’installation en agriculture associée aux difficultés rencontrées aujourd’hui par les filières élevage entraîne de plus en plus des phénomènes de déprise agricole sur ces territoires.
En Haute-Garonne, entre 2000 et 2017 la dégradation se fait principalement sentir par la baisse de la Surface Agricole Utile (- 6,4 %), le vieillissement des chefs d’exploitation, la diminution du nombre d’exploitations (- 32 %) et le passage des formes d’exploitations familiales vers des formes sociétaires. Les trésoreries des exploitations du département sont fragiles et la multiplication des épisodes climatiques extrêmes (grêle, sécheresse, températures extrêmes,…) augmente cette fragilité.
Aujourd’hui, les agriculteurs décapitalisent, vendent du foncier, ce d’autant plus facilement que la pression urbaine rend ces terres agricoles attractives pour les aménageurs et les promoteurs.
L’agriculture du département est aujourd’hui en manque de sens et en proie au doute. Elle dispose pourtant d’atouts : le bassin de consommation majeur qu’est l’agglomération toulousaine, plusieurs signes de qualité (5 AOP-AOC : les vins de Fronton, les vins de Saint-Sardos, l’ail de Cadours, le porc noir de Bigorre et le jambon noir de Bigorre ainsi que 8 IGP), 11 % des exploitations converties en agriculture biologique, un pôle de formation et de recherche à Toulouse, un cluster agroalimentaire à Revel et enfin – surtout peut-être – l’intérêt des élus locaux pour ce secteur d’activité. Tout est désormais question de projet, de vision et d’ambition.
Au-delà de ses missions de sécurisation de la PAC, la DDT entend se positionner comme partenaire de la mutation agricole dans le département.
La mission première de la DDT est l’instruction des dispositifs d’aide financière au titre de la PAC : 5500 déclarants, 12000 demandes au titre des différents dispositifs, 106 M€ versés chaque année.
Nous entendons apporter une autre valeur ajoutée au secteur économique, en agissant sur deux plans : la préservation des moyens de production, et la promotion d’un autre modèle, plus résilient et moins dépendant de la PAC, en accompagnant les exploitations agricoles.
En étroite collaboration avec les organisations professionnelles agricoles et les représentants de la société civile, la DDT oriente la politique agricole départementale avec la commission départementale d’orientation agricole (CDOA).
La DDT assure également le contrôle des structures agricoles, pour favoriser l’installation des jeunes agriculteurs, empêcher le démembrement d’unités viables et conforter les exploitations existantes.
La DDT veille à la préservation des espaces agricoles avec l’animation de la commission départementale de préservation des espaces naturels agricoles et forestiers (CDPENAF), participe au développement des espaces ruraux et à la consolidation de la résilience des exploitations avec l’instruction des aides du second pilier de la Politique Agricole Commune (Fonds Européen Agricole pour le Développement rural).
Enfin, la DDT accompagne les exploitations agricoles et coordonne les soutiens institutionnels lors de crises économiques liées à un aléa climatique ou sanitaire.
La DDT appuie les projets portés par les collectivités territoriales comme par les agriculteurs, pour produire autrement et construire un autre modèle économique : zones d’agriculture protégée du Buzet-sur-Tarn et bientôt de Blagnac, projets collectifs de méthaniseur agricole à Boulogne sur Gesse et Montespan, pilotage du dispositif de compensation collective agricole, réflexion sur le thème « agriculture et urbanisme » en association avec l’association des maires de Haute-Garonne.
Voir aussi ….
- Loi de Modernisation de l’Agriculture et de
la Pêche, dite LMAP, du 27 juillet 2010
- Loi d’Avenir pour l’agriculture,
l’alimentation et la forêt de 2014
- Loi Agriculture et Alimentation du 2 octobre 2018
- Recensement Agreste 2010 sur :
www.agreste.agriculture.gouv.fr